Aymeric |
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Bonjour à tous,
Je tiens avant tout à remercier la Communauté de la confiance qu’elle m’accorde en me demandant de vous raconter mon parcours des ténèbres à la Lumière. Je m’appelle Aymeric et je suis un ex-drogué.
Je suis né à Bruxelles dans une famille française, premier né suivi d’un frère et de deux sœurs et j’ai grandi dans une atmosphère croyante. Mes parents priaient ensemble et depuis tout petit j’ai été familiarisé avec la foi.
Cependant mes parents se disputaient souvent, mon père n’était que peu à la maison et depuis mes 5 ans je porte la peur de les voir se séparer. Je suis toujours allé de l’avant croyant et priant, sans le savoir vraiment, qu’ils tiendraient bon mais cette pensée du divorce revenait souvent. Assez vite, j’ai aussi commencé à me sentir seul à l’école. Etant jaloux des relations amicales des autres, j’avais du mal à me sentir libre. Aux alentours de mes 10 ans, j’ai été frappé pour la première fois par un ami après une dispute et cela a laissé en moi une blessure profonde avec le sentiment d’avoir été trahi dans l’amitié. Je n’avais déjà pas beaucoup de confiance en moi et cet épisode m’a détruit encore un peu plus.
J’ai commencé à mentir pour me rendre intéressant en abordant des sujets vulgaires et cela m’a conduit jusque dans la pornographie. Je volais déjà de l’argent à mes parents et je n’ai cessé de le faire jusqu’à mon entrée en Communauté.
Les mauvaises amitiés que je fréquentais m’ont incité à boire de l’alcool et à fumer et vers mes 15 ans je suis arrivé aux premiers pétards. À 16 ans mes parents ont fini par se séparer et pour moi ce fut la goutte qui m’a fait éloigner encore plus de la maison : j’étais en pleine adolescence et je me suis réfugié dans la drogue, les filles et l’internet pour fuir ma réalité et ses douleurs. Cela a duré environ 6 ans sans oser jamais parler de ce que je vivais, m’isolant toujours plus et détruisant progressivement ma vie et celle des personnes autour de moi.
Voyant que je n’allais pas bien et bien consciente que je me droguais ma mère a essayé souvent de m’aider, mon père aussi d’ailleurs mais il était plus occupé et absent. Pendant plus de 2 ans maman me parlait de la Communauté. Moi, je m’étais beaucoup éloigné de l’Eglise et je ne voulais pas en entendre parler. Je me suis retrouvé un jour sans un sou, mes parents m’ont mis dehors mais un jour j’ai ressenti la douleur qu’ils avaient à agir de la sorte. J’ai perçu leur réelle envie de m’aider à m’en sortir, mon cœur s’est ouvert, j’ai laissé tomber ma carapace et je suis entré en Communauté.
Une fois rentré, j’ai été confié à un « ange gardien », un garçon, lui aussi en Communauté pour se reconstruire, qui m’a accompagné pour mes premiers pas. Je me rappelle clairement que je ne l’aimais pas du tout, je l’ai beaucoup jugé au début mais j’avais beaucoup de choses sur la conscience et il a dû m’écouter et j’ai dû me fier à lui. Il a été aussi le premier à me reprendre. J’ai tout de même mis du temps à comprendre que je devais sérieusement changer de comportement. Bref, malgré le peu de sympathie que j’avais pour lui, je comprenais qu’il essayait de m’aider comme il pouvait, avec ses limites.
J’ai voulu sortir assez vite, tout d’abord parce que j’avais peur de devoir rester longtemps mais aussi parce que j’ai été long à ouvrir les yeux sur ce que j’avais besoin de changer et le déclic s’est fait quand j’ai décidé de faire ce chemin pour moi et non plus pour contenter ma famille. Quand j’ai accepté de regarder mes limites et quand j’ai compris que si je ne faisais rien, je pouvais sortir le jour même ou dans 2 ans, je serais retombé peu de temps après.
Ce choix m’a simplifié les choses. Le temps passait plus vite, j’acceptais plus volontiers d’être repris quand je cherchais de faire les choses à ma sauce, quand j’enfreignais les règles… Et petit à petit je retrouvais la joie, la confiance en moi, je me sentais plus responsable. Je dois dire que les pas les plus significatifs sont arrivés avec la cuisine. C’est un engagement intense où j’ai eu besoin de beaucoup d’aide et comme celle de mes frères ne suffisait pas, j’ai commencé à la chercher en Chapelle, en adoration devant Jésus. J’ai senti petit à petit que je trouvais la paix dans les petites situations du quotidien. J’ai trouvé un soutien, j’ai commencé à expérimenter l’amour que Dieu avait pour moi, j’ai reçu plusieurs fois le don de pleurer de joie devant l’Eucharistie et j’ai surtout commencé à aimer, à me sacrifier par amour, à me donner et à servir les frères, aussi de nuit. Et au terme d’une période positive j’ai été transféré. On a dû recommencer à zéro mais je n’avais plus peur, je portais dans mon cœur une joie immense. J’ai eu l’occasion de me confronter davantage aux autres, de grandir dans l’amitié, le respect, l’humilité et j’ai découvert les premiers gestes de paternité à l’égard de mes frères. J’ai commencé à ressentir bien plus de joie à donner qu’à recevoir et j’ai vu finalement comment Jésus m’avait transformé. Désormais j’avais besoin tous les jours de prier, de me poser en chapelle et écouter la vie me parler au travers de mon cœur devant Dieu. Cette étreinte quotidienne de ma vie telle qu’elle est m’aide aujourd’hui à aller de l’avant. J’y ai retrouvé le sens de ma vie, j’apprends à en faire don tous les jours à ceux qui vivent autour de moi. Avec la Grâce de Dieu, et les efforts dans les petites choses de tous les jours je passe quotidiennement des ténèbres à la Lumière. Je me relève tous les jours et j’apprends à accueillir la vie pour ce qu’elle m’offre de beau et de plus difficile.
J’ai découvert une manière de vivre plus saine, plus authentique, plus vraie où ma personnalité apprend à s’exprimer librement. Je remercie aujourd’hui pour le don de la Communauté et pour le don de ma vie retrouvée au travers de l’Amour de Dieu pour moi. Merci Mère Elvira, parce que sans toi, tout cela n’aurait pas pu s’avérer.
Aymeric