Ce parcours avec mon fils Armando est en train de m’aider à changer mon mode de vie; il est en train de me faire voir beaucoup de choses que je ne voyais pas avant, spécialement dans la sphère familiale. Autrefois je ne réussissais pas à parler avec mes fils, je gardais tout à l’intérieur de moi, j’étais un « ours dans une caverne ». Je ne communiquais en rien et mes fils – je le comprends aujourd’hui – se demandaient si je leur en voulais. Mon fils pensait : « Peut-être a –t-il quelque chose contre moi parce qu’il ne me parle jamais ! Je ne sais pas ce que j’ai fait de mal pour avoir un papa qui ne me regarde jamais ! » Par contre, moi, je pensais très peu à ces choses, je tenais tout pour acquis : « C’est mon fils, moi je travaille, je lui fais du bien, et lui m’aime ».

Non, ce n’est pas ainsi! J’éprouve le besoin de dire à beaucoup de parents qu’ils ne doivent pas seulement penser à les soigner « au dehors », mais à les aimer davantage, être plus proches d’eux, avoir le temps d’écouter leurs problèmes, demander et non prendre tout pour acquis. « S’il y a quelque chose, mon fils vient me le dire », pensais-je, mais ce n’est pas vrai parce qu’il ne te dit rien si tu ne l’écoutes pas. Aujourd’hui je cherche à parler avec mes fils, à avoir un dialogue, toujours aidé par mon épouse. Tout doucement je suis en train de changer grâce à la prière et aux groupes de parents. J’ai eu aussi le don de faire une expérience en Communauté avec mon fils. Cette période à Lourdes m’a beaucoup plu parce que j’ai pu partager avec lui beaucoup de choses qu’avant, il y a beaucoup d’années, nous ne nous serions jamais dites.

Papa Gianpaolo

Ce n’est pas facile quand ton fils entre en Communauté, parce que tu te remets en question comme parent et tu dois mettre de côté l’orgueil et accepter « l’échec » éducatif. Nous, nous avons eu confiance dans la Communauté parce que nous ne nous sommes pas sentis seuls. Nous avons confié notre fils parce qu’il avait la mort dans le cœur et nous, nous ne pouvions plus l’aider. Nous nous sommes remis en question en commençant un chemin avec lui, en allant aux rencontres avec d’autres familles. Tout doucement nos fragilités ont émergé, non seulement celles du couple mais aussi les individuelles, qu’inévitablement nous avons transmises à nos enfants. Avec l’aide du groupe de parents, qui est très uni, nous sommes en train de les dépasser grâce à la prière et à la foi que nous avons redécouverte, cette foi que je ne croyais pas qu’elle put me relever. Aujourd’hui je me sens renouvelée en tant que parent, une mère ressuscitée et plus crédible.

Maman Cinzia

 

 

Brigitte et PierreNous, Pierre et Brigitte sommes parents de 5 enfants.

Notre troisième fille s’est construite à l’adolescence dans la dépression. Elle était « mal » et aucun de ses projets de formation dans des écoles d’art n’aboutissaient à cause de son manque de confiance en elle et de sa phobie du regard des autres. Elle était désespérée, sans avenir. Cela faisait plus de 10 ans que ça durait.

Un jour, dans une revue chrétienne à laquelle nous étions abonnés, j’ai (Brigitte) trouvé un article sur la Communauté Cenacolo qui parlait de passage des « ténèbres à la lumière », de jeunes qui ressuscitaient… Il était question de toxicomanie et en appelant à la maison des filles d’Adé, près de Lourdes, j’ai appris que Flore pouvait aussi y être accueillie.

De fil en aiguille, de contacts en journées d’essai, notre fille est rentrée en 2010 à Adé. Elle est restée 3 ans en Communauté en France et en Italie ; aujourd’hui, 3 ans après, elle va bien et avance, debout.

Lorsque des parents accompagnent leur fils ou leur fille dans la Communauté Cenacolo, Sœur Elvira leur a toujours demandé de se convertir. Personnellement (Pierre), je me suis posé la question et je l’ai posée au Seigneur : « Que faut-il que je fasse pour me convertir ? ».

Il me semble avoir reçu une réponse sur une première priorité : redire mon « oui » à Dieu chaque jour. C’est l’acte d’offrande de la prière des jeunes chaque matin, à la suite du « oui » de Sœur Elvira si fondateur pour le Cenacolo.

Ensuite il y eu des attitudes de ma vie de tous les jours, où la rencontre de la Communauté est venue m’interpeler concrètement : par exemple sur une nécessité pour moi de mieux vivre le temps présent au lieu de m’évader en pensée dans des distractions diverses selon les situations de mon quotidien : présence à Brigitte mon épouse, aux enfants et petits-enfants, aux personnes rencontrées dans le travail…

Autre exemple où l’Esprit Saint m’a monté un enjeu de conversion ; nous avions reçu sans bien le comprendre le psaume 85 lors de notre 30ème anniversaire de mariage : « …Amour et Vérité se rencontrent… » . Progressivement, j’ai découvert grâce à « l’amitié vraie » vécue dans chaque fraternité, un des piliers de la vie communautaire au Cenacolo, combien il ne peut y avoir de véritable amour, sans le courage de la vérité. Je me suis notamment rendu compte que j’avais une certaine tendance à esquiver des paroles à donner, par peur du conflit et donc par manque de courage…

Pour ma part (Brigitte) j’ai goûté par ce cheminement avec la Communauté, la reconnaissance de la Croix, présente dans chacune de nos vies, le sens de la traversée aride et sans concession de ce passage vers la vraie Vie, la Résurrection ! Les jeunes font ou essaient de vivre ce passage, jour après jour, humblement, ils nous montrent le chemin… J’ai appris à prier le chapelet, humblement aussi.

Et aussi en vérité, vivre le pardon, entre nous en couple, en famille avec nos enfants, en Communauté…

Dans le temps où notre fille poursuivait un chemin exigeant dans la Communauté pour une véritable résurrection, nous étions donc invités l’un et l’autre à découvrir les lieux de nos conversions, et c’est bien un cheminement réel en parallèle auquel nous avons été conduits comme parents. Nous constations aussi que celui-ci donnait encore plus d’intensité et de fécondité aux temps de retrouvailles que nous avions avec elle, même s’ils étaient espacés dans le temps et peu nombreux.

Brigitte et Pierre 2Actuellement, comme nous avons été accueillis dès l’entrée de notre enfant en Communauté, nous accueillons à notre tour d’autres parents dans un groupe mensuel, après avoir demandé des signes au Seigneur de son appel à ce service. Nous devenons ainsi témoins de ce qu’il nous a été donné de vivre progressivement et qui est si bien formulé dans le titre d’un des livres de Sœur Elvira «  Une Espérance qui renaît …».

En écoutant également communautairement et avec l’aide de l’Esprit, ceux qui vivent à leur tour la souffrance d’un enfant qui ne « va pas bien », nous pouvons malgré notre pauvreté, témoigner qu’une Espérance peut renaître, grâce à notre Seigneur Jésus et à sa mère Marie.

Pour certains le passage se vivra au Cenacolo, pour d’autres différemment et ailleurs, mais cette Espérance est bien possible…

Pierre et Brigitte