sr sumi

Je m’appelle Sumi, j’ai 33 ans et j’ai la chance de faire partie de la Communauté Cenacolo depuis quelques années. J’ai de la chance, oui, mais quand je suis entrée en Communauté ce n’était pas ce que je pensais...

sr Sumi5J’étais une jeune fille de 24 ans désespérée, j’avais complètement perdu la joie de vivre. Je n’acceptais pas la “recette du bonheur” que le monde proposait: le succès malgré tout, la richesse coûte que coûte, la beauté et l’apparence, le plaisir superficiel, la grandeur etc… Je me disais: “Si c’est ça la vie, alors, non merci!”.

Depuis toute petite j’ai toujours eu envie de faire quelque chose de beau, de bien pour les autres, je rêvais de vivre avec beaucoup de personnes ensemble, d’avoir une grande famille et de pouvoir aimer et donner sans limites. J’ai toujours été une enfant généreuse, j’allais avec joie à l’Eglise, j’allais à un groupe de prière dans mon village en Belgique et j’étais heureuse. Ce qui m’a toujours touchée dans l’Eglise, c’était le fait de pouvoir être moi-même. J’étais une enfant joyeuse, mais en même temps fragile car blessée depuis la naissance par l’abandon de ma mère biologique. Par conséquence j’étais toujours à la recherche de l’amour et j’avais un besoin immense de me sentir acceptée et aimée telle que j’étais. Le groupe de prière que je fréquentais me donnait cette sensation et je me sentais libre.

Lorsqu’à l’âge de 14 ans nous avons déménagé en France, ça a été très difficile pour moi. C’était comme si j’avais perdu le peu d’équilibre que j’avais trouvé. Mais le Seigneur est bon et ne m’a jamais abandonnée, ainsi pendant quelques années j’ai fréquenté la Communauté des Béatitudes. Là j’ai rencontré pour la première fois des religieuses joyeuses, humaines avec lesquelles on pouvait parler, se confier. L’une d’entre elles, Sr Marie Espérance, a été importante pour mon chemin car c’est à ce moment là que le Seigneur a commencé à frapper à la porte de mon cœur. Moi je serais entrée au couvent tout de suite car je désirais cette vie, mais je n’avais que 16 ans et il fallait attendre et finir l’école. Attendre n’était pas mon point fort et petit à petit je me suis perdue dans les tentations du monde oubliant que le Seigneur m’attendait.

J’ai passé 5 ans de descente aux enfers, 5 ans pendant lesquels j’ai connu le mal sous tous ses aspects. Au bout de ces années-là j’avais perdu le goût de la vie, je n’avais plus les forces pour lutter, je ne croyais plus en rien et je n’avais plus confiance en personne. La seule solution pour moi était de choisir la mort et plusieurs fois j’ai tenté “d’en finir avec la vie”.

sr Sumi2C’est alors que, grâce à mes parents, j’ai connu la Communauté Cenacolo. Ce n’était pas du tout ce que j’avais pensé pour ma vie, mais c’était la dernière solution, le dernier recours et donc j’ai accepté d’y entrer pensant que cette Communauté me permettrait de reprendre une vie un peu plus normale et de retrouver un peu plus d’équilibre.

Aujourd’hui je peux vous annoncer, avec grande joie, que j’ai reçu bien plus qu’une vie normale et qu’un peu d’équilibre. Après 9 mois de chemin, j’ai commencé à sentir la joie dans mon cœur, la vraie joie. Les petites choses de la vie quotidienne me remplissaient le cœur, par exemple un sourire, une conversation amicale, un moment de jeu, mais également les moments de prière, de vérité, de réconciliation. Pour moi c’était tout nouveau, je ne savais plus qu’on pouvait vivre des moments de joie si profonds et si simples. A travers ces moments-là et grâce à l’amitié des filles qui étaient avec moi, j’ai rencontré le Seigneur.

C’est ainsi qu’un vendredi de carême, j’ai fait une expérience forte de la présence de Dieu et j’ai senti dans mon cœur le désir de vivre avec Lui toute la vie. Maintenant je comprends que c’était la deuxième fois que le Seigneur frappait à la porte de mon cœur. Je me suis sentie appelée à la vie religieuse. Cela peut sembler impossible ou étrange, mais même si j’avais encore un long chemin de guérison à faire, j’ai tout de suite dit “OUI” à l’appel du Seigneur. Comment pouvais-je Lui dire “non”, j’étais bien consciente que si j’étais encore en vie, c’était grâce à Lui, je Lui devais tout.

Comme je l’ai déjà dit, le chemin était encore long, je devais me laisser convertir, me laisser changer et me laisser toucher par la miséricorde de Dieu. Comme le dit notre Mère Elvira: “ L’amour guérit”. Chaque jour le regard amoureux de Dieu sur ma vie me guérit et m’aide à aimer ma vie, à aimer la vie. Maintenant j’accueille la vie telle qu’elle est car j’ai confiance dans le Seigneur qui me donne toute la force dont j’ai besoin. Je n’ai plus peur des difficultés car je sais que je ne suis pas seule. Je suis toujours fragile, mais j’accepte ma fragilité et j’apprends à vivre avec. Je ne veux pas être parfaite, mes faiblesses me permettent d’avoir besoin de Lui, mes faiblesses me mettent à genoux, me font prier, mes faiblesses m’empêchent de penser que je peux faire tout toute seule. “Lorsque je suis faible, alors je suis forte” dit Saint Paul et c’est vrai.

Sr Sumi3Mon chemin a été difficile, plein de chutes, plein de hauts et de bas, mais je me suis toujours accrochée à Son amour pour moi et au désir de devenir, un jour, son Epouse. L’appel à la vie consacrée a été ma force tout au long de mon chemin communautaire et je rends grâce au Seigneur de m’avoir appelée dès le début.

Depuis deux ans je suis entrée à la Maison de Formation à Pagno chez les Sœurs Missionnaires de la Résurrection, la congrégation de religieuses fondée par Mère Elvira. Actuellement je me prépare à faire ma profession de vœux et donc finalement à devenir Epouse de Jésus. Ces deux ans de noviciat ont été un temps précieux pour apprendre (au moins pour commencer) à vivre pour Lui, en Lui et avec Lui chaque moment de ma journée. C’est ce que je désire au plus profond de mon cœur. Je ne veux plus être banale, superficielle. A la Pentecôte je dirai “OUI” à la vie religieuse car je désire épouser Jésus, c’est-à-dire épouser l’humanité, je désire ouvrir grand le cœur pour qu’il y ait une place pour chacun d’entre vous. Il n’existe pas de vie plus belle que cette vie donnée à tous par amour, travailler gratuitement dans la vigne du Seigneur pour toute la vie, voilà le plus beau métier du monde!!!

Sr Sumi

Sr Sumi con bambina

 

Sr Anna1

 

"Dieu sait tout de nous et c’est pour cela qu’Il nous enveloppe dans sa miséricorde”

M. Elvira

Sr.ANNAJe m’appelle sr Anna, je viens de la Belgique (Gand) et j’ai 28 ans. J’ai grandi dans une famille chrétienne et j’ai toujours une grande joie dans le coeur quand je pense à mon enfance. Mes parents nous ont bien aimés, mon frère et moi et l’ont exprimé avec des gestes d’amour concrets: en jouant avec nous, en nous apprenant qu’il y a plus de joie à donner qu’à garder tout pour soi-même. Je crois que la maladie de ma mère, dystrophie musculaire, a permis d’avoir une ouverture du coeur différente envers les autres. Parce que, déjà petite, je comprenais qu’exclure une personne parce qu’elle “est différente”, fait mal. Donc je ne voulais pas faire aux autres ce que parfois nous souffrions en famille, parce que tout le monde, la parenté aussi, n’accueillait pas notre famille “spéciale”. J’étais une enfant ouverte, joyeuse, créative, ayant besoin d’affection, têtue si je voulais quelque chose...

Depuis que j’avais quatre ans, j’étais convaincue de vouloir partir pour les missions. A l’école j’avais entendu parler de Saint Damien De Veuster et moi aussi je voulais aller chez “mes lépreux”. Cette conviction est restée fortement en moi pendant toutes les années de mon enfance. Jésus était déjà en train de m’appeler! Je remercie mes parents qui m’ont respectée et stimulée en cela.

Quand j’avais dix ans, ma mère a été très mal de santé et j’avais peur qu’elle ne meure. Pour toute la famille ce fut un moment fort que nous avons su surmonter ensemble, mais chacun à sa façon. Là je me suis rendue compte qu’entre nous il n’y avait plus de dialogue. Ma mère était celle qui mettait en avant la foi, la prière pour et entre nous, le positif,... Pendant tout le temps qu’elle était à l’hôpital, mon père n’a pas su mettre tout seul ces belles valeurs en avant.Je crois qu’à cause de sa douleur personnelle, il n’a pas trouvé la force de croire qu’on pouvait continuer d’avancer de cette façon. Je ne voulais pas faire peser sur les autres ma souffrance et je mettais le masque que tout allait bien, attendant que tout passe et redevienne comme avant.

Quand ma mère est revenue de l’hôpital, elle ne marchait plus mais était dans une chaise roulante électrique. A partir de ce moment-là, je n’ai plus pu l’embrasser et la voir comme ma mère. La chaise me semblait tellement grande, comme un grand mur entre nous. Petit à petit je voyais seulement la maladie et la colère grandissait en moi. Après deux ans de survie dans cette “nouvelle” situation de beaucoup de silence et de fermeture entre nous, mon père est tombé en dépression et ensuite il nous a abandonnés. Là mon monde s’est totalement écroulé, même si au dehors je continuais de la même façon mais je ne permettais plus que quelqu’un puisse entrer dans mon coeur.

Sr Anna33Je continuais de suivre les groupes de prière, mais je ne trouvais plus les réponses à cause de la douleur que je portais à l’intérieur. Dans le désespoir et la tristesse, j’avais noué des amitiés fausses et là j’ai touché le fond. Je savais que Jésus était présent dans ma vie et d’un côté je désirais le rencontrer personnellement, mais le mal entré dans mes blessures était plus fort et je retombais toujours dans les mensonges, dans la fausseté, dans la colère, dans l’échappatoire dans l’alcool, dans mon égoïsme.

Une nuit j’ai demandé de toutes mes forces de l’aide à Jésus et Lui m’a répondu. Il m’a donné la possibilité d’aller en Pologne pour un volontariat avec les enfants orphelins handicapés pour ressentir le battement de mon coeur, j’avais commencé un projet pour partir pour les missions en Afrique... Que de bien je pouvais vivre mais je me rendais compte que j’étais différente de mes compagnons. Je n’étais pas mûre, j’étais incapable d’affronter mes erreurs avec responsabilité. Je sentais fortement le feu de la mission mais aussi la faiblesse. Je voulais faire partie de l’Eglise, partie d’une famille, mais je ne me sentais jamais appartenir à quelqu’un ou à quelque chose. J’avais “perdu” mes parents et je me sentais fille de personne.

J’ai connu la Communauté à 19 ans. En entrant en communauté, je pensais encore une fois échapper aux problèmes dans lesquels je m’étais fourrée. Mais cette fois c’était différent! En arrivant à la grille de la fraternité de Adé, Lourdes, j’ai senti dans le coeur qu’enfin j’étais arrivée à la maison. Même si je peinais beaucoup au début, je savais que je ne m’en irais plus. Je pensais chercher quelque chose, au contraire après j’ai compris que je cherchais Quelqu’un, qui est Jésus! Je l’ai rencontré dans l’amitié vraie, dans le travail, dans la prière, dans la vie quotidienne. Chaque nuit je demandais à Jésus dans la chapelle pourquoi j’étais vivante, à qui appartenait ma vie. Après un an, devant le crucifix, j’ai senti clairement l’appel. Que ma vie appartenait à Jésus. Petit à petit j’ai commencé à avoir la paix à l’intérieur de moi, des désirs de me réconcilier avec ma famille, de pardonner, ... La prière m’a mise à nu et là j’ai redécouvert mon vrai visage. Quand j’ai rencontré Mère Elvira, elle m’a appelée “Joie, viens ici m’embrasser”. Je ne savais plus ce qu’était une étreinte et je me suis enfuie. Ensuite elle a été pour moi la mère que j’ai embrassée pour le première fois de nouveau avec le coeur et qui m’a enseigné à embrasser ma vie et celle de mes parents. Le regard de Mère Elvira sur ma vie a toujours été un regard qui sait regarder en avant, qui voit déjà fleurir une très belle fleur sur un tas de ruines.

Sr Anna36Après quelques années de cheminement dans les fraternités féminines, Mère Elvira m’a appelée dans la maison de formation et là j’ai pu commencer le chemin de consécration. Au début, c’était un Oui de peur et d’incertitude à l’appel de Jésus qui ensuite est devenu un Oui de conviction et de gratitude envers le Seigneur pour tout le bien et la miséricorde que j’ai reçus de lui, de la Communauté, de ma famille. Une guérison forte qui a opéré un changement dans mon chemin, a été quand j’ai compris en profondeur que ma vie n’a pas été une erreur. Vivre avec Mère Elvira, recevoir d’elle une étreinte qui te fait sentir aimée du Père, voir en elle un amour désintéressé, clair, m’a donné la force de croire que je ne devais plus avoir peur de moi-même. Que ce n’est pas vrai que si quelqu’un découvre qui je suis, il s’éloigne de moi. Mais aujourd’hui je me rends compte que j’ai besoin des autres plus que de l’air que je respire. J’ai besoin de confrontation, de dialogue pour guérir, se réjouir ensemble, pour VIVRE!

Il y a 8 mois, j’ai reçu le grand don de pouvoir partir pour les missions; aujourd’hui je suis au Pérou, Villa el Salvador, avec les petits enfants abandonnés, avec mes consoeurs, avec les tontons et les tantines, ... QUE DE VIE! Les enfants m’enseignent qu’on recommence toujours, de se réjouir pour les petites choses, de me mettre à écouter au lieu de parler,... Je peux leur faire connaître Jésus qui est ma raison de vivre, de servir et d’aimer. Le vrai bonheur est mon union avec Lui qui ensuite devient union avec celui avec qui je vis chaque jour! Je remercie la Communauté qui nous accueille, nous les jeunes, pour nous donner la possibilité de vivre dans la vérité! Je remercie Mère Elvira, notre Mère spéciale, qui se donne encore aujourd’hui totalement pour nous. Je désire moi aussi consumer ma vie pour l’Amour.

Merci!

Sr. Anna

 

Hna Aleksandra

Je m’appelle Aleksandra et je voudrais vous parler de mon appel. J’ai senti l’appel à suivre le Seigneur déjà petite. Près de chez moi il y avait un couvent de sœurs Clarisses et beaucoup de fois, en allant à la messe avec ma maman, je me souviens que je les regardais, les observais et pensais : « un jour moi aussi je me ferai sœur » mais à la maison on ne parlait jamais de cela. Je suis fille unique, mes parents désiraient que j’aille à l’Université, que je me marie et avec le passage des années moi aussi je n’ai plus pensé à ce désir et j’ai commencé à fréquenter des personnes fausses. Je suis entrée en Communauté pour des problèmes de toxicodépendance, j’en avais bien besoin et je me souviens qu’après quelque temps, j’ai commencé à réentendre l’appel mais j’avais de la peine à l’accepter, je vivais beaucoup de peurs, la peur surtout que ce soit une fuite de ce que je vivais, la peur de ne pas réussir. Les questions étaient nombreuses : « Mais pourquoi précisément moi ? Comment faire ? » A la maison j’avais beaucoup de choses qui m’attendaient: l’appartement, l’argent, tout ce dont j’avais besoin et je pensais qu’il était impossible de tout laisser. Je me rappelle la première fois que j’ai vu Mère Elvira, à Medjugorje. De loin elle a couru à ma rencontre, m’a embrassée et m’a dit: “lève le regard, lève le regard, regarde comme le ciel est beau, lève le regard” elle me l’a répété beaucoup de fois. Je n’ai pas compris tout de suite mais après je me suis interrogée et j’ai compris qu’elle voulait me dire vraiment cela : d’ouvrir les horizons, de m’interroger, de voir ce que Jésus voulait de ma vie. Tout doucement, en faisant le chemin communautaire, j’ai compris que mon appel était celui de la consécration mais cela n’a pas été facile de l’accueillir parce que j’avais beaucoup de doutes, cela a été une grande lutte à  l’intérieur de moi. Durant le chemin, j’ai découvert une foi et une prière très concrète qui en dehors de la chapelle se transformait en service, j’ai découvert que si tu pries bien, tu travailles bien, cette concrétisation m’a fait comprendre que devenir sœur n’était pas seulement mettre un habit mais était donner sa vie à Jésus, donner sa vie pour aimer tout le monde, en allant en mission et en étant avec les enfants : en servant et en aimant ; c’est une chose beaucoup plus grande que ce que  j’imaginais.

En observant Mère Elvira et en écoutant les paroles qu’elle adressait aux sœurs consacrées, j’ai compris qu’elles étaient aussi pour moi et me donnaient beaucoup d’espérance. Ainsi j’ai écrit que je voulais commencer le chemin pour devenir sœur et j’ai attendu quelques années avant d’arriver dans la maison de formation, pour mûrir ma vocation. Maintenant je suis en train de faire le noviciat et je suis heureuse de vivre les petites choses quotidiennes, justement moi qui voulais toujours faire de grandes choses : c’est un grand miracle ! Je vis à côté de Mère Elvira et en l’observant, je comprends et j’apprends chaque jour que la vie est la chose la plus importante, qu‘il y a quelque chose de plus, qu’il n’y a pas à s’arrêter mais à élever le regard. Il y a à faire, à donner, à aimer : c’est beau de pouvoir vivre tout cela ! Il y a la croix mais il y a aussi beaucoup, beaucoup de joie : je sens que j’ai de la chance ! Ma famille a beaucoup de difficulté à accepter ma décision, mais le Seigneur m’a donné beaucoup de courage, beaucoup de force et beaucoup de paix dans le cœur. Il y a eu des moments où j’ai pensé : « mais comment feront ils… ». Mais maintenant je sens que Lui pensera à eux, je sens que Jésus m’a appelée à laisser tout pour Le suivre Lui !! Lui est en train de me donner tout : la force, le courage et la foi qui grandit de jour en jour. Une chose que j’ai envie de conseiller à tous les jeunes est de ne pas avoir peur parce que c’est seulement en faisant Sa volonté que nous trouverons la joie, la paix et saurons aller au-delà de tout parce que Lui, nous en donne la force. Merci.

Sr Aleksandra

 

Je m’appelle Sœur Jennifer, aujourd’hui je suis très heureuse de vivre et je suis super-heureuse d’être une femme consacrée dans la Communauté Cenacolo. Je voudrais vous partager qu’avant de ressusciter à une nouvelle vie et d’expérimenter que Jésus est vraiment venu pour que moi, j’aie la vie et que je l’aie en abondance, j’ai dû passer à travers la croix. J’ai grandi dans une famille chrétienne, mes parents émigrèrent aux Etats-Unis pour étudier et chercher une vie meilleure. Ils avaient une culture et des manières de faire différentes des américains et cela m’incommodait et me portait à les juger, à refuser mon aspect physique et la part coréenne en moi. Chez nous, l’étude était plus importante que tout, la TV était sous clef et mes sœurs et moi-même pouvions la regarder seulement une demi-heure par jour ; je devais fréquenter une école pour apprendre le coréen et donc je n’avais pas le temps d’aller aux fêtes avec mes amies. Durant l’été, au lieu d’aller à la plage, je devais étudier les mathématiques pour améliorer toujours plus mes capacités. Les dimanches n’étaient pas consacrés à se détendre ou à aller au parc ensemble : nous étions dans notre paroisse coréenne pour enseigner le catéchisme ou pour aider. C’est seulement maintenant, avec les yeux de la foi et grâce aux guérisons que Jésus a opérées dans mon cœur, que j’apprécie infiniment mes parents pour la discipline et l’éducation reçues. Le fait que je ne m’acceptais pas et les différentes difficultés que je vivais pour concilier le monde coréen et l’américain, seul Jésus et moi-même le savions. J’étais capable de me cacher derrière mon sourire, d’être face à de nombreuses personnes, je m’affirmais avec des résultats excellents dans les études et dans le sport, je paraissais une fille débrouillarde, très charitable et engagée dans le volontariat, mais finalement toutes ces choses étaient seulement une manière pour remplir le vide que j’avais à l’intérieur. J’avais besoin d’amour et je le cherchais en faisant beaucoup de choses et en cherchant à être une brave fille, mais au-dedans j’étais seule et insatisfaite. A un moment donné je me suis retrouvée très fatiguée de ce jeu : j’en avais marre de tout faire pour paraître, de courir derrière mes ambitions et mes préoccupations d’avoir une ligne parfaite. J’ai commencé à vivre seulement en pensant à ce que je mangeais : c’était plus facile de me réfugier dans la nourriture que de penser à ma vie, au vide qu’il y avait dans mon cœur, au fait que j’étais malheureuse… et petit à petit je me détruisais.Que c’est étrange: même dans cette mort, il restait à l’intérieur de moi un grand désir d’aimer beaucoup et d’aider tout le monde... je désirais aller dans le tiers monde pour aider « les pauvres », mais je n’avais aucun amour pour moi-même et pour ma vie. Je remercie Dieu parce qu’Il a mis sur mon chemin des personnes, même des sœurs et des prêtres, qui m’ont aimée et m’ont aidée à ressentir l’amour de Dieu. Quelques-unes parmi elles étaient mes professeurs à l’Université  et plus d’une fois elles m’ont proposé de prendre en considération l’idée de me consacrer. Certainement j’étais à la recherche de quelque chose de plus, quelque chose qui satisfasse et remplisse ce désir profond de mon cœur, mais je ne pensais pas de me faire sœur parce que je voulais mon prince charmant. J’ai tout essayé : psychologues, antidépresseurs, les Alcooliques Anonymes et les groupes de support pour des personnes qui avaient des problèmes avec la nourriture, mais je ne pouvais pas accepter que ma vie finisse ainsi. Finalement j’ai crié vers Dieu : « Ou je commence à vivre vraiment ou je préfère mourir ».

Après cet appel à l’aide, la Madone m’a appelée en pèlerinage au Festival des Jeunes à Medjugorje et là j’ai rencontré la Communauté Cenacolo, mon salut. La Communauté m’a enseigné à vivre, j’ai commencé pour la première fois à me regarder au-dedans et à me connaître. J’ai eu beaucoup d’occasions pour me confronter à mes dons et à mes limites et je ne me suis jamais sentie jugée pour mes pauvretés. La possibilité d’affronter la souffrance m’a été donnée et je me suis sentie aidée à ne pas m’enfuir mais à embrasser la croix. Jésus m’a fait expérimenter son humanité à travers les gestes concrets des personnes qui vivaient avec moi. J’ai découvert ce que signifie l’amitié, la patience, le pardon…je me suis sentie aimée et cela m’a donné la force et le désir d’être moi aussi un don pour les autres. Tout doucement, avec l’aide de la prière et de l’adoration Eucharistique, l’égoïsme, la tristesse et le refus que j’avais dans le cœur ont laissé place à la paix, à l’envie de vivre et à la joie. Après ma première année de Communauté, j’ai dit à Jésus que je voulais me consacrer… mais pas que je voulais me faire sœur. Je voulais vivre une vie remplie avec beaucoup d’enfants, avec la liberté de partir, d’aider, d’aimer tout le monde, mais j’attendais toujours mon prince charmant. Il a fallu du temps mais je continuais de demander à Dieu de me faire comprendre sa volonté. Finalement j’ai compris que Jésus n’impose rien, Il veut me rendre heureuse et que je puisse me réaliser. C’est moi qui ai choisi de devenir sœur. La prière m’a aidée à comprendre que la route de la consécration est celle qui correspond le plus à ma personne et aux désirs profonds de mon cœur. Aujourd’hui je me sens à ma place, libre de vivre et d’aimer, de me tromper et de recommencer, d’être comme je suis. J’expérimente chaque jour que Dieu œuvre dans ma vie et que c’est Lui qui me soutient. Ma vie consacrée à Dieu aujourd’hui, c’est : dire « oui » chaque jour à son Amour et le laisser habiter ma pauvreté humaine pour être mère, sœur, amie universelle des enfants, des missionnaires et des sœurs qui vivent avec moi. Quelle histoire fantastique !

Sr Jennifer

 

Je remercie la Providence qui m’a conduite dans ce très beau chemin de lumière, parce que ma vie consacrée à Jésus est ainsi aujourd’hui. Un chemin qui me fait chaque jour devenir plus vraie. Je rencontre des montées, des jours de soleil très beaux, des routes défoncées et j’avance. J’ai reçu un cadeau spécial, le courage (que je n’avais pas) de laisser la famille, les amis, le travail avec un très petit et tremblant « Me voici Seigneur, même si je ne sais pas ce que Tu veux de moi » parce que, dans le cœur, j’avais un seul désir « être amoureuse », mais pour toute la vie. J’ai écouté les catéchèses de Mère Elvira qui disait : « Si vous voulez faire un choix libre pour votre vie, essayez, dans votre discernement, de dire un « oui » ouvert soit à la vie matrimoniale soit à la vie consacrée à Jésus. Lui vous fera « voir où est votre amour ». Je ne voulais pas perdre mon indépendance mais j’ai découvert la grande force de m’ouvrir à un « oui ». Ensuite Jésus est entré dans ma vie et je n’ai pas perdu ma liberté ; au contraire je la vois grandir sans limites. C’est l’amour de Jésus qui me fait cheminer toujours plus en elle. Plus en elle  quand je lace les chaussures d’un enfant qui deviendra un homme. Ou bien l’aide à faire les devoirs: il apprendra à lire même si aujourd’hui il n’a pas envie et éprouve ma patience. Ou je tends les chaussettes à une gamine qui deviendra femme et mère. Aujourd’hui je vis en mission au Pérou ; les personnes âgées et les pauvres que je rencontre, sont une grande école de Vie : ils m’enseignent la sagesse de savoir toujours recommencer et croire dans la vie.  Et c’est l’amour de Jésus qui réchauffe mon cœur, me rend libre de sourire, sauter, embrasser l’humanité. Dans notre fraternité, quelle variété, richesse d’expériences ; nous sommes trois sœurs consacrées et nous vivons avec les enfants, les missionnaires et une famille. Que c’est beau d’apprendre à faire amitié aussi entre nous sœurs qui sommes différentes l’une de l’autre. « Etre amoureuse pour toute la vie », si avant était seulement un désir, aujourd’hui est aussi un défi que j’apprends à accepter en me mettant en jeu et en risquant mon cœur : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt, il reste seul ; au contraire s’il meurt, il produit beaucoup de fruit (Jn 12,24) »


Sr Rosangela

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